L'école Rinpa, emblématique de l'histoire de l'art japonais est plus un mouvement de pensée spirituelle et esthétique qu’une école maitre-élève. Né à Kyoto au début du XVIIème siècle, le style Rinpa regroupe dès l’origine art et artisanat. Elle se distingue par son approche décorative et raffinée, en rupture avec les styles plus austères de l'époque. Le nom "Rinpa" vient de Kōrin (Ogata), artiste dont l'influence sur l'école fut déterminante. Si les peintres japonais ont souvent introduit du symbolisme dans leurs œuvres, le style Rinpa se concentre plus sur l’image, sur une recherche de la beauté. Cette ligne directrice a été l’impulsion du mouvement centré sur comment introduire la beauté dans le quotidien.
L'une des caractéristiques principales de l'école Rinpa est son esthétique basée sur des compositions audacieuses, des couleurs vives, et l'utilisation de matériaux précieux, notamment la feuille d'or et d'argent. Les artistes Rinpa excellaient dans les formats tels que les paravents (byōbu), les rouleaux suspendus (kakemono), ainsi que les éventails, les tissus, la céramique, et les laques. L'une des techniques les plus connues est le tarashikomi, où l'encre ou la peinture est appliquée sur une couche encore humide, créant des effets de flou et de dégradés subtils.
Les thèmes favoris de l'école Rinpa, souvent tirés de la littérature japonaise, notamment du Dit du Genji, des Contes d'Ise et des poèmes de l'époque Heian, mettait à l’honneur la nature : des paysages, des fleurs, des oiseaux, et des plantes, traités de manière stylisée et expressive. Les artistes Rinpa cherchaient à capturer la beauté éphémère de la nature, avec des éléments saisonniers comme les cerisiers en fleur ou les érables rouges de l'automne.
Ogata Kōrin, en particulier, a apporté une approche plus dynamique et expressive à l'école, avec des compositions marquées par de grands aplats de couleurs et un sens du rythme unique. Son style influencera durablement la peinture, la laque et les arts décoratifs japonais.
Au XIXe siècle, des albums d’estampes japonaises continuent de faire connaître l'art de Korin. Leur réalisation est d’une qualité remarquable. Dès 1843 de nombreuses rééditions sont parvenues, jusqu'en Europe alors sous la vogue du Japonisme, puis de l'Art Nouveau. À cheval sur les XIXe et XXe siècles de nombreuses artistes sont ainsi touchées par l'art Rinpa, entre autres, Henry Rivière ou Gustave Klimt. Au Japon l’artiste du XXème siècle Kamisaka Sekka est considéré comme le dernier maitre Rinpa.
Aujourd'hui, l'école Rinpa est reconnue pour sa contribution essentielle à l'esthétique japonaise, représentant une quête d'élégance et de simplicité, tout en exploitant les qualités décoratives des matériaux et des formes naturelles.