Comme on l'a souvent noté dans d'autres articles de ce blog, la vie quotidienne au Japon est intimement liée au passage des saisons et les Japonais sont très sensibles à ces moments de changement qui transforment leurs paysages.
Dans la littérature, et particulièrement la poésie comme les haikus pour lesquels un "mot" de saison est toujours présent, tout comme dans la peinture traditionnelle, la représentation de la nature au fil des saisons est toujours associée à un symbole établi depuis le VIIIe siècle. Une symbolique et une évocation que l'on va retrouver bien évidemment dans l'art de l'Estampe Japonaise, dans celles représentant la nature ou les paysages, mais également dans certains portraits. On peut ainsi s'amuser à retrouver la saison évoquée dans de nombreuses oeuvres des artistes du XVIIIe jusqu'à aujourd'hui.
Chaque saison est fêtée autour d'une date, liée à une coutume, parfois religieuse et souvent associée à une légende qui peut remonter fort loin. Pour l'été la première date symbolique est le jour de Tanabata, qui est l’une des cinq fêtes traditionnelles, venue de Chine et célébrée le 7 juillet.
( Cinq fêtes marquent tout particulièrement les transitions saisonnières, ce sont les fêtes sekku (saison en japonais) : Le 1 er janvier : le jour de l'an ; Le 3 mars : Hina Matsuri (la fête des filles) ; Le 5 mai : Kodomo No Hi (la fête des enfants) ; Le 7 juillet : Tanabata (la fête des étoiles) ; Le 9 septembre : Kiku no Sekku (la fête des chrysanthèmes). C'est très facile de les retenir puisque qu'il s'agit chaque fois du jour correspondant au numéro des mois impairs : le 01/01 ; 03/03 ; 05/05 ; 07/07, etc.)
Pour la fête de Tanabata, ou les amants du Ciel c'est une très belle légende, romantique qui est à son origine.
Un petit résumé s'impose :
Tanabata est la Fête des étoiles, transmises dans les temps anciens au Japon par la Chine. Elle correspond à la période de l’année où l'étoile Véga, de la constellation de la Lyre, et l'étoile Altaïr, de la constellation de l’Aigle sont particulièrement belles à observer dans le ciel au sud, avec la Voie lactée entre les deux. La civilisation chinoise considère Véga comme tisseuse de nuages et Altaïr comme annonciateur de la saison agricole. D’après la légende à l'époque de Nara (710-794), Orihime, la tisserande, représentée par Véga, et Hikoboshi le gardien de troupeau, identifié à Altaïr, se marient peu après leur rencontre. Mais ils commencent tous deux à négliger leur travail. Orihime arrête de tisser des vêtements pour son père le Seigneur du Ciel, et Hikoboshi laisse ses vaches se disperser. Mécontent de leur attitude, le père d’Orihime sépare le couple de part et d’autre de la Voie lactée et leur accorde le droit de se revoir une fois par an à condition de travailler avec ardeur comme ils le faisaient auparavant. Dans les cieux, le couple se consacre donc assidûment au labeur en attendant avec impatience la septième nuit du septième mois de chaque année.
C'est donc une fois par an que Orihime et Hikoboshi, séparées le reste de l’année par la Voie lactée, peuvent se retrouver…
Pour fêter les retrouvailles de ces amants séparés, de nombreux festivals sont organisés aux alentours du 7 juillet (ou du 7 août dans certaines régions, restées fidèles à l'ancien calendrier). Durant ce jour, on formule des souhaits pour l'avenir. Ces fêtes, dédiées à l’amour retrouvé voient la création de décors féériques, des centaines de bambous et banderoles sur lesquels des papiers sont accrochés, flottent au vent.
En effet la tradition consiste à écrire un vœu sur une carte et à l’accrocher à un long bambou, que l'on voit ce jour là se propager devant les maisons ou dans l'enceinte des temples. On trouve aussi des fukinagashi des banderoles en papier pouvant mesurer 5 mètres et des grues en papier orizuru pour la longévité et la sécurité du foyer.
La période de l'été est aussi celle de nombreux festivals, aux origines diverses, à travers le pays (les Matsuri) . Celui du quartier de Gion qui se déroule chaque année au mois de juillet à Kyoto, est l’un des trois plus grands festivals au Japon. Ce matsuri historique est réputé pour donner lieu à des activités et évènements traditionnels, comme des processions d’immenses chars colorés et de nombreuses soirées festives.
Son origine dans l'histoire vient d'une tradition née pour se protéger des catastrophes
Ce matsuri est né en 869, au cours d’une période pendant laquelle Kyôto et d’autres villes du Japon souffraient d’épidémies comme la peste, ainsi que d’inondations et de tremblements de terre. Pour apaiser les divinités, le gouvernement de l’époque décida d’organiser des rituels sacrés en priant pour qu’il y ait moins de désastres dans les 66 provinces du pays. Les habitants de Kyoto prièrent la divinité Gozu Tennô, divinité liée à l’épidémie de peste, associée au sanctuaire de Gion, aussi appelé Yasaka-jinja. Bien que ce festival soit à l’origine un rituel religieux, depuis, les cérémonies ce sont perpétuées et les festivités du Gion Matsuri sont devenues très populaires, elles attirent chaque année des milliers de spectateurs.
Le festival se déroule sur plusieurs jours, le moment culminant est la journée du 17 juillet durant laquelle on assiste à la la procession des 32 chars immenses (les Yamaboko) dans les rues de l'ancien Kyoto, qui est aussi le quartier des geishas.
A l'image de chaque saison au Japon, l'été porte ainsi avec lui, des coutumes qui se perpétuent jusqu'à aujourd'hui et viennent rythmer le temps qui passe.