À chaque arrivée du printemps, une fébrilité émouvante s'empare de tous les Japonais...Tous ceux qui ont eu la chance de voyager au Japon en cette période se souviendront de la magnificence des milliers de cerisiers en fleurs, des pétales roses et blancs qui s'envolent à la première brise et des parterres des villes transformés en nuages de couleurs. Mais plus encore sommes-nous frappés par l'effervescence et la joie affichés des familles, des enfants, de tout un peuple en adoration devant les premières fleurs, se promenant sous les arbres, émerveillés devant le port d'un arbre, la délicatesse d'un bourgeon, la richesse de la floraison, saluant ainsi la nature renouvelée. Le printemps comme la naissance et le début de toute chose, lié au cycle de la nature, symbole du caractère éphémère du monde, les fleurs de cerisier éclosent puis s'envolent rapidement, et de son éternel recommencement.
C'est Hanami, le moment on l'on fête le printemps. Hana est le mot pour fleur, et sakura, fleur de cerisier. Hanami, ou contempler les fleurs, est donc ce temps où depuis la période Edo, on va se rassembler sous les arbres pour un grand pique-nique en famille, entre amis où assis sur une natte, chacun profite du merveilleux du paysage. On fête le printemps et pour tous les enfants le début de l'année scolaire qui commence en avril. C'est donc le moment privilégié pour prendre des vacances (très réduites au Japon) et visiter sa famille ou les lieux renommés du pays, comme Kyoto ou Nara bien-sûr ou le parc Ueno à Tokyo ou le Mont Koya.
Cette célébration du printemps, comme celle de chaque saison et du passage de l'une à l'autre, est au coeur de la vie quotidienne des Japonais. Tous les arts en témoignent, de la poésie, comme le haiku qui associe toujours un mot de saison à sa composition, à la peinture et bien-sûr à l'art de l'estampe, art populaire par essence. On retrouvera donc tout particulièrement le thème du printemps et des cerisiers en fleurs dans les estampes, et tous les artistes de l'ukiyo-e au Shin-hanga ont de mille façons rendu hommage à cet instant suspendu.