Il n’est un plus mystère pour quiconque s’intéressant à la culture traditionnelle japonaise que la place de la nature est importante dans la vie quotidienne des Japonais. Cette fête peu connue en France en est l’exemple même. Fleur appréciée pour ses nombreuses vertus ? Fleur Impériale ? Le chrysanthème est La fleur noble du Japon. Alors qu’est-ce que le Chôyô no Sekku, cette célébration du chrysanthème ?
Le chrysanthème (Kiku en Japonais) est LA fleur noble par excellence au Japon. Provenant de Chine, elle est introduite sur l’archipel à l’époque Nara (710-794) et est rapidement appréciée par la noblesse et les élites japonaises, plus particulièrement après que l’empereur Go Toba (1180-1239) la prend en affection et l’utilise comme emblème. De plus, elle est symbole de longévité et d’immortalité de par ses nombreuses propriétés médicinales bien connues depuis la dynastie Tang (618-907) en Chine. Elle représente également au Japon de par sa forme, le Soleil et sa puissance. Elle rappelle donc le lien d’ascendance mythologique entre l’empereur du Japon et la déesse du Soleil Amaterasu. Il se dit également, que cette fleur pourrait repousser les mauvais esprits.
Le chrysanthème à seize pétales devient donc l’emblème de l’empereur dont on nomme le trône « le trône du chrysanthème ». Elle est présente sur de nombreux temples, sanctuaires ou monuments depuis des centaines d’années. C’est en partie dû aux évolutions politiques japonaises particulièrement pendant l’ère Edo sous les lois du Bakufu (gouvernement militaire japonais dont le chef politique était le Shogun) qu’elle perdra un peu de son « immunité » et pourra être utilisée de différentes manières par le peuple et les entités religieuses. Elle devient officiellement la fleur de l’empereur au XIXe siècle et son utilisation sera strictement réglementée jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, elle se retrouve comme emblème du pays de façon non-officielle. Vous pouvez notamment la retrouver sur les passeports des ressortissants Japonais. De plus, l’une des plus grandes distinctions au Japon est nommée l’Ordre du Chrysanthème. Elle a été décernée aux membres de la famille Impériale, à quelques souverains étrangers et à de rares occasions à des citoyens japonais.
Il n’est donc pas surprenant que cette fleur emblématique dans l’histoire japonaise soit célébrée. En effet, chaque 9 Septembre, c’est la fête des chrysanthèmes. Elle est connue sous le nom de Chôyô no Sekku. Elle est l’une des cinq célébrations annuelles japonaises appelées Gosekku, littéralement les cinq fêtes dont font parties les très célèbres Hinamatsuri (fête des filles), Kodomo no Hi (fête des enfants et garçons) et Tanabata. Elle correspondait originellement au calendrier chinois , puis se répandit au Japon à l’époque Heian (794-1185) où elle devint un véritable évènement de la cour, pratiquée sous forme de grands banquets. Certaines sources anciennes décrivent quelques pratiques de la noblesse la veille des célébrations. L’une d’elles consistait à envelopper des fleurs de chrysanthèmes dans un linge en soie posé à l’extérieur la nuit pour qu’au petit matin, un mélange s’opère entre la fleur et la rosée. Ainsi on s’essuyait le visage avec ce linge afin de jouir des propriétés anti-âge de la fleur.
C’est plus particulièrement à l’époque Edo que la redécouverte de la fleur par les citoyens japonais a engendré un engouement nouveau pour cette fête délaissée auparavant.
La contemplation des chrysanthèmes en tant que divertissement populaire redonne un intérêt tout particulier pour le Chôyô no Sekku. Elle n’est donc plus à ce stade simplement une pratique de la noblesse mais bien une fête populaire. Cependant, elle reste des cinq célébrations des Gosekku, la moins connue et la moins célébrée à ce jour. Traditionnellement, il est de coutume de prier pour la longévité puis de boire de l’alcool de chrysanthème mais également de manger ce même jour du riz à la châtaigne. Ce rituel est actuellement toujours pratiqué lors des célébrations du 9 septembre et précède le festival du chrysanthème du sanctuaire Yushima Tenmangu de Ueno à Tôkyô début novembre.